JIMMY EDGAR • STATIC
Je m’appelle Lenaïg et aujourd’hui, je vais vous parler de sculpture, de mouvement, et d’athlétisme.
L’objet que je vais vous décrire est une sculpture représentant un groupe d’athlètes.
Imaginez les derniers mètres d’une course, où trois athlètes se battent pour décrocher la victoire. Chacun des muscles de leurs corps tendus par l’effort est saillant. L’équilibre fragile de leurs postures repose sur leurs jambes d’appui. Leurs bustes sont projetés vers l’avant. Leurs visages trahissent leur épuisement.
Le premier coureur a le regard fixe. Il est concentré, déterminé. La ligne d’arrivée est proche, il le sait. Les paumes de ses mains sont grandes ouvertes, tendues vers la victoire. À sa droite se trouve le deuxième coureur. Sa bouche est ouverte, il crie. Ses sourcils sont froncés et les traits de son visage sont tirés par la colère. Il a les poings serrés. Tout son corps exprime la rage. Son bras gauche repousse le troisième coureur derrière lui. La stupeur et la crainte se lisent sur le visage de ce dernier. Le regard tourné vers son adversaire, il tente de conserver son sang-froid.
Pour saisir les différents mouvements de la course et les décomposer, l’artiste s’est inspiré de la technique de la chronophotographie. Les trois coureurs répètent le même mouvement, mais à quelques secondes d’intervalle. Pourtant, un élément de la sculpture trouble notre esprit : les positions en extension des trois coureurs ne sont pas tenables dans la réalité. La sculpture suggère la course plus qu’elle ne la représente. Cette liberté prise par l’artiste contribue à magnifier l’effort physique.
Ce que j’aime dans cette sculpture, c’est qu’elle incarne le moment de la course où l’émotion est la plus intense : lorsque les coureurs franchissent la ligne d’arrivée et qu’ils arrivent au but. Ce court instant est le plus beau, mais c’est aussi le plus dur. Car les sportifs doivent se dépasser pour aller au bout d’eux-mêmes. Ils cherchent à repousser les limites de leurs corps pour aller toujours plus loin dans l’effort.
Intitulé Au But, cette sculpture d’Alfred Boucher a été réalisée en 1886, l’année de naissance de l’athlétisme en France, à l’occasion du premier championnat à la Croix-Catelan au Bois de Boulogne. Connu depuis l’Antiquité, l’athlétisme figure au programme des premiers Jeux Olympiques modernes de 1896. C’est d’ailleurs cette existence longue de plusieurs siècles qui lui confère le statut de « sport roi » des Jeux Olympiques.
Au But, Alfred Boucher, 1886, Paris, Réduction en bronze de l’œuvre monumentale, 46 cm de hauteur pour 69 cm de long, Nogent-sur-Seine, Musée Camille Claudel.
Texte et voix : Lenaïg Laot
Enregistrement : Philipp Fischer
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat
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