La musique classique et au-delà • Metaclassique
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L'œuvre que nous regardons se nomme Lutteur au repos déposant son ceste. C’est une statuette en marbre, sculptée par François Rude entre 1832 et 1837. Un jeune athlète nu est assis, le buste penché vers l’avant, un bras appuyé sur sa jambe, il dépose lascivement son gant de lutte sur le sol. Ce gantelet, appelé “ceste” était constitué de bande de cuir et de plaque de fer, porté par les lutteurs pendant l’Antiquité. On aperçoit dans ses cheveux un bandeau qui retient les fines mèches qui tombent sur son front et protège ses oreilles. Le lutteur lève légèrement la tête, il vous regarde.
François Rude réalise en 1806 le modèle en plâtre du lutteur lors de ses études à Dijon. Il travaille alors sur des modèles antiques qui sont, au XIXe siècle, considérés comme un idéal artistique. Ce n’est que trente ans plus tard, que le sculpteur en réalisera un marbre, à la demande du futur Président Adolphe Thiers qui l’a aperçu dans son atelier.
Il sculpte le jeune athlète avec un réalisme marquant. Les muscles de ses bras ou de son dos sont doux et fins, mais semblent encore contractés après un long combat.
Mais de quel combat s’agit-il ? et contre qui ? Rien dans cette œuvre ne semble nous indiquer ce qui est arrivé à notre lutteur. Son visage est impassible. C’est tout ce qui fait la singularité de cette œuvre ! Ici, François Rude fait le choix de représenter un athlète au repos, plutôt qu’en plein cœur d’un combat de lutte. Étrange, n’est-ce pas ? En réalité, ce genre de représentation est assez courant au XIXe siècle. Imitant les artistes de l’Antiquité grecque et romaine, les artistes font le choix d’un sujet qui devient secondaire et n’est plus qu’un prétexte, un exercice à la création d’un corps parfait.
L'esthétique de cette œuvre est représentative de la jeunesse de l’artiste, dont le style évoluera plus tard vers des œuvres plus expressives dans la mouvance Romantique qui prône la représentation des sentiments à travers des œuvres mouvementées et pleines de contrastes.
J’aime cette œuvre d’abord pour sa finesse. Elle est très belle ! Mais ce qui me plait, c’est qu’elle m’intrigue. En particulier son regard dont on ne sait s’il laisse transparaître de la fatigue ou de la détermination.
Lutteur au repos déposant son ceste, François Rude, 1832-1837, H: 0,418m ; L: 0,468m ; P: 0,245 m, marbre, Musée du Louvre
Texte et voix : Lou Escariot
Enregistrement : Colin Gruel
Montage : Jean Foucaud-Jarno
Musique & web : Philipp Fischer
Coordination : Julia Martin & Grégoire Verprat