L'édito testo d'Olga : Karine Lemarchand et les P....
L'édito testo d'Olga : Karine Lemarchand et les P.R.OU.Ts

Partager

Type
Magazine
Société
mardi 11 octobre 2022
Télécharger

Ce soir, Olga se tient devant son micro allégé·e d’un sacré poids, celui de feu ses eins, 15 jours après sa mammectomie. Mais bien que soulagé·e d’avoir finalement annoncé ma transition à ses parents, d’être en vie et d’avoir une convalescence facile… une angoisse grandissante écrase encore son torse.

Cet été, on a pu remarquer que, contrairement au Lobby, les LGBTQIphobies ne prenaient pas de vacances — preuve s’il en est que leurs portes paroles en tous genres sont bien de droite. Entre la gestion discutable de l’épidémie de Monkey Pox, une élue qui nous appelle OKLM « ces gens-là », un rappeur en mal d’attention qui sort une chanson homophobe au clip homoérotique et, bien sûr, l’attaque du Planning Familial qui a eu l’outrecuidance de rappeler sa mission de soutien à toutes les personnes qui peuvent être enceintes, en plus des femmes cisgenres.

Et ça, c’est juste ce qui concerne les queers, parce que si on devait aussi lister tous les bails misogynes, racistes, anti-sociaux, anti-écolo et compagnie, on y serait encore demain…  

Bref, on avait hâte de voir arriver l’automne, en espérant que les gugus du gouvernement s’étoufferaient dans leurs cols roulés. C’était sans compter sur le rab qu’on a eu pour la rentrée. Karine Le Marchand, déjà connue pour ses tweets antiféministes, ses propos follophobes et lesbophobes autour de l’Amour est dans le pré et son émission grossophobe sur M6, a décidé de « changer le regard » de manière tout aussi éclatée au sol sur une nouvelle minorité : les personnes trans. Mégenrage, psychiatrisation, parole donnée aux transphobes… tout le bingo y est, sans surprise, vu comme la médiocrité cishétérotoxique est dans l’air du temps actuellement dans l’Hexagone. Et pour ça, on peut entre autres remercier les TERFS et leurs élucubrations réacs, limite complotistes.

Pour rappel : les TERFS, ou Trans-exclusionary radical feminist, sont, contrairement à ce que suggère leur dénomination, tout sauf féministes. Nos adelphes anglophones proposent donc à la place l’acronyme FART, qui veut littéralement dire pet, pour feminist appropriating reactionnary transphobic. En français, ça donne PROUT, pour Petite Réactionnaire Ouvertement Transphobe — merci Twitter.

Cet été, les figures de prout de ce mouvement anti-trans en France, Marguerite Stern et Dora Moutot, ont largement envenimé le harcèlement du Planning Familial. Ce sont les mêmes qui ont comparé l’art des drag queens à la pratique raciste du black face. Et, elles ont aussi déclaré, sous les applaudissements de La Manif pour tous et de toute la réacosphère, qu’une femme était, je cite, « une femelle adulte humaine ». Vraiment, après deux siècles de féminisme, y’a pas d’autre mot qui me vienne que BOUFONNES. Ben ouais, ma sororité de personne transmasculine s’arrête là où commence l’extrême-droite. Une accointance dont le duo se défend, mais quand on tient des propos sur le genre qui sont similaires à ceux de Poutine pour justifier le bien fondé d’annexer 4 régions ukrainiennes pour sa guerre territoriale, ‘faut se poser les bonnes questions. À ce sujet, je vous recommande d’ailleurs l’enquête méticuleusement documentée de Pauline Bock, pour Arrêt sur Image.

TERF, FART, PROUT, « djendeure critical »… quelle que soit la manière dont on désigne ces activistes, une chose est sûre : au-delà de leur ridicule, elles sont dangereuses. Rappelons qu’au Royaume-Uni, et notamment grâce au soutien médiatique de la TERF suprême JK Rowling, leur acharnement a conduit à l’interdiction des bloqueurs de puberté — alors qu’ils sont totalement réversibles — pour les mineur·e·s trans. Si une marche arrière a depuis été opérée sur cette législation, la souffrance qu’elles ont causé, pour ne pas dire le sang qu’elles ont sur les mains, est bien réelle. Aujourd’hui, en France, ces militantes anti-trans, soutenues par tout le spectre droitard qui rêve de nous voir disparaître, sont en train de gagner du terrain. Elles s’incrustent dans les organisations de lutte contre les discrimination, les ministères, les journaux… Le terrain de nos luttes actuelles se trouve donc précisément ici.

Nous allons devoir redoubler de vigilance pour ne rien laisser passer ! Signalons systématiquement leurs propos, mais en essayant de céder le moins possible à notre envie légitime de les insulter, car elles se gargarisent du statut de martyr qu’elles s’inventent. Débunkons leurs pseudo sources et leurs méthodes de manipulation — ça, c’est très facile. Soutenons les luttes trans par nos partages, notre présence dans les assos, les manifs, et les cagnottes. Et surtout, surtout, empêchons nos proches et moins proches qui pourraient se laisser séduire par les discours transphobes d’y sombrer, car on ne naît pas TERF, on le devient.

Chronique : Olga Volfson