Thundercat • Dragonball Durag
Chers amis auditeurs des Voix du Crépuscule, pour cette troisième année à vos côtés, nous vous proposons, en même temps que les derniers développements de l’anthropologie et l’actualité des combats des peuples autochtones, un thème plus précis, plus proche de nous: l’anthropologie du Paris cosmopolite. Quel sens variés revêt pour les individus qui peuplent ou traversent Paris quotidiennement, ce cosmopolitisme célébré comme emblème de la ville monde, mais aussi décrié quand il donne lieu à la ségrégation spatiale ou à ce que certains appellent le « communautarisme ». Il faudra passer au crible de l’analyse anthropologique ces catégories, ces valeurs qui fondent nos représentations de la diversité culturelle mais aussi enquêter sur ses réalités: diversité des origines géographiques, des statuts, des religions, des professions…et bien sûr des modes d’occupation de l’espace urbain et d’interaction avec ses usagers!
Pour commencer, nous vous invitons à nous rejoindre jeudi prochain 23 octobre à 18h au Salon de lecture du musée du quai Branly pour une double émission sur les « Rroms et Bangladeshis, ces visibles et invisibles du quart monde parisien », cette diversité d’en bas avec laquelle on est en contact quotidiennement mais, parce qu’elle fait peur ou pitié, parce qu’elle est cachée aussi derrière des images d’Épinal qui nous servent de raccourcis mentaux pour ne pas penser, cette diversité qu’on ne connaît pas! On croise les uns dans le métro, souvent suivis d’un air d’accordéon, les autres à sa sortie, derrière leurs étals de fortune, entre cagettes et caddies, un bidon cuisant des châtaignes et réchauffant les corps transis par le froid en hiver. Les premiers sont pour la plupart des Rroms fraîchement venus des pays de l’est de l’UE, les autres sont des bangladeshis, demandeurs d’asile fuyant la répression politique et la persécution religieuse. Les uns sont ultra-visibles (au moins dans les médias), les autres sont inconnus au bataillon, à tel point qu’on les nomme souvent par erreur hindous ou pakis. Pourtant, visibles ou invisibles, ces silhouettes sont pour nous muettes et inconnues: on les regarde à peine, on ne leur parle pas, on ne s’y intéresse pas! Et ça n’est pas là seulement un problème moral, renvoyant à notre indifférence à tout ce qui fait la banalité de nos trajets quotidiens, c’est aussi un problème pratique. Quand on essaye de rentrer en contact avec les Rroms et Bangladeshis de l’espace public parisien, deux barrières immédiates s’élèvent contre cette intention: l’une est linguistique (les Rroms récemment arrivés parlent le romani, les bangladeshis le bangla et pour certains l’anglais), l’autre sociale et culturelle (les individus que nous croisons sont souvent dans une pauvreté incommensurable avec nos difficultés financières, nos formes de précarité pourtant toujours plus lourdes!). Franchir ces frontières demande donc une préparation, un travail préalable: nous espérons y contribuer par cette émission.
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