Il y a déjà quatre ans de cela, alors que Radio Campus Paris créait un premier partenariat avec le festival Jean Rouch de cinéma ethnographique, nous avions rencontré l’anthropologue et professeur au Collège de France Philippe Descola pour qu’il nous parle du destin de la société amazonienne qu’il avait étudiée plusieurs années durant dans les années 70 et qui lui avait donné la matière de son livre Les lances du crépuscule : les Achuar d’Equateur.

Nous n’avons jamais eu l’occasion auparavant de faire justice à la richesse de cet entretien, réalisé au sein même du mythique Laboratoire d'Anthropologie Sociale du Collège de France, rue Cardinal Lemoine, dans cette institution fondée en 1959 par son maître et directeur de thèse Claude Levi-Strauss. L’occasion est ainsi trouvée dans cette émission spéciale des Voix du Crépuscule, deuxième opus de la série des grands entretiens qui, après avoir donné la parole à l’Arctique des Inuit avec Jean Malaurie, la donne désormais aux Tropiques des amérindiens d’Amazonie avec Philippe Descola.

Au cours de cet entretien, nous avons voulu aborder l'évolution de ces sociétés sans écriture dont l’histoire est forcément écrite par d’autres -souvent les anthropologues, mais aussi les voyageurs et les missionnaires -, dont les ouvrages d'ethnologie ont tendance à nous fournir des instantanés qui perdurent dans nos esprits malgré le temps qui passe et la mondialisation qui s'accélère ; nous parlerons aussi du rôle des anthropologues dans la tenue de relations contrôlées et non-prédatrices entre le monde industriel et ces petites sociétés (au sens numérique de l'expression) qui peuvent sembler si fragiles. Enfin, nous évoquerons les désormais célèbres travaux de Philippe Descola sur ce qu'il nomme les modes de socialisation de la nature, et qui ne sont autres que les différentes façons qu'ont les sociétés humaines d'entretenir des relations avec leur environnement non-humain, fait d’animaux, de végétaux d’objets et de symboles de toutes sortes...

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