Le petit déj' à l'heure de l'apéro • La Matinale de 19h
19:00
19:59
Imaginez la scène. Vous débarquez au restaurant. On vous place sur une table en bois, sans nappe. Arrive un type nonchalant, barbu, avec un t-shirt à l’effigie de Jack Kerouac. Vous commandez un verre de blanc. Classique. Un sauvignon de Loire. Il vous rapporte un jus orange qui sent la noix et qui a goût de cidre. Vous n’aimez pas ? C’est que vous ne comprenez rien au vin nature mon vieux et, de fait, vous êtes un plouc, un buveur de produits chimiques. Bienvenu dans l’est parisien, où l’on se déplace en T-Max chez son caviste et où l’on prend en photo avec son I Phone 6 — super écolo — la dernière cuvée sans sulfite de Philippe Pariloutchi faite de son rarissime cépage ancestral dont il n’existe qu’un hectare dans le monde… Réalité ou satire poussive ? Réalité malheureusement. Car si le vin dit naturel ou nature n’est pas un phénomène de mode chez les vignerons, mais une simple expression du bon sens paysan, il a incontestablement intégré l’habitus des classes socio-professionnelle urbaines qui, à défaut de pouvoir s’épanouir dans la nature, veulent boire nature. Et tant mieux au fond. Simplement, la forme n’y est pas : la pédagogie dans les bars et restaurants est absente, les définitions restent vagues, parfois contradictoires. La situation est on ne peut plus manichéenne : d’un côté les héros moderne du naturel, de l’autre le reste du monde. Sauf qu’à la vigne et dans les chais, tout est plus complexe. Depuis trois ans, l’équipe des Coudes sur la Table défend des vins propres et met en avant des vignerons soucieux de l’environnement, mais reste très critique face aux chapelles qui s’érigent ici et là. Buvons nature, mais avant tout buvons intelligemment.
François Morel
Ex-rédacteur en chef de la revue Le Rouge & le Blanc, grand défenseur des vins propres voire naturels.
Hugues de la Bourdonnaye
Vigneron de Champagne.
Philippe Toinard
Chroniqueur culinaire et rédacteur en chef de la revue 180°C et de sa petite sœur 12,5° qui vient tout juste de naître et qui est consacrée au vin.
Le mois dernier nous avons eu la chance de rouler sur les routes de Toscane pour aller à la rencontre de Stefano Borsa, qui est à la tête du domaine Pacina avec sa compagne Giovanna Tiezzi, qui sont des figures du vin naturel italien. Peut-être que leurs noms vous disent quelque chose, car on peut les voir dans le film « Résistance naturelle » de Jonathan Nossiter, sorti il y a deux ans sur les écrans.
Le domaine est un lieu vraiment magique que nous n'avions pas envie de quitter, c'est un ancien couvent du 10ème siècle entouré d'arbres centenaires, au sommet d'une colline surplombant les vignes et les oliviers. Car Pacina n'est pas seulement un domaine viticole, le couple est fier de cultiver également des lentilles, de l'épeautre, des pois chiches, des fruits et légumes au sein d'un écosystème qui fait la part belle à la biodiversité, fuyant une monoculture néfaste pour le vivant.
Nous nous sommes donc entretenus avec Stefano, et voici ce qu'il nous répond lorsqu'on lui demande s'il se reconnaît dans le terme de « vigneron naturel »...
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On remercie Olivier Chane pour la prise du son, et Jean-Baptiste Coquelin de nous avoir prêté sa voix pour la traduction.
Le reportage de Lise Côme dans sa version complète (en VO) :
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L'émission est animée par Louis Michaud et préparée en équipée joyeuse avec Lise Côme, Fabrice Tessier, Thomas Wolfman et Bérangère Fagart.
Réalisation : Victor Testier