Patrice Mourre est un des co-fondateurs des Nuits Sonores, qu’il a organisé quatorze années durant. Vieux de la vieille de la scène techno rhône-alpine et française des années 1990, il a organisé des soirées et a été DJ sous le nom de DJ P.Moore, il a été un des premiers disquaires de Lyon, et est également à l’origine de Technopol et de la Techno Parade. En 2015, il fait son comeback en tant que DJ, et je l’ai rejoint en juillet dernier alors qu’il s’apprêtait à jouer avant Fatboy Slim, sur la scène de Jockey Disque, à l’hippodrome d’Auteuil. Mais c’est bien pour parler des Nuits Sonores, et notamment de la première édition, que j’ai eu le plaisir de le rencontrer.
L’interview démarre sur le contexte culturel rhônalpin qui a précédé la création du festival. On évoque l’explosion techno des années 1990 qui a constitué ce qu’on a appelé le “triangle d’or” Lyon-Grenoble-Annecy, et la “chasse aux sorcières techno” menée par les autorités, notamment à Lyon, capitale de la répression anti-techno. De cette façon, on peut comprendre pourquoi et comment le festival des Nuits Sonores a pu naître dans cette ville pour sa première édition de 2003, à la faveur du maire élu en 2001, Gérard Collomb, déterminé à revitaliser une scène musicale sinistrée.
Patrice Mourre, qui a d’abord été chargé des projets extérieurs avant d’être directeur de production, me raconte ensuite dans quelles conditions s’est organisée la première édition du festival, faite avec “des bouts de ficelles” entre deux jobs alimentaires. Entre autres sujets, on fait la revue des différents acteurs impliqués dans l’organisation d’un tel évènement et de la façon dont ces acteurs travaillent ensemble, avant de s’attarder sur les différentes facettes de la programmation et de son déploiement au fil des éditions dans l’ensemble de la ville. Les Nuits Sonores, qui est désormais un des plus gros festivals de musique français, se caractérise notamment par son éclectisme et sa pluridisciplinarité, présente dès la première édition.
Je me rends compte qu’organiser un festival de musique de cette ampleur demande un investissement et une passion de tous les instants. Patrice Mourre, qui s’est donné corps et âme dans cette aventure, aborde pour finir la façon dont il voit l’organisation musicale et son retour à la scène. Le closing qu’il a fait à l’édition des Nuits Sonores de 2017, juste après les Chemical Brothers, est de ce point de vue un beau symbole. Je ne résiste pas à l’envie de vous le mettre ici.
Se retrouver dans l’épisode :
Introduction
- 00:02:15 présentation de Patrice Mourre, présentation des NS
- 00:09:00 le contexte culturel en rhône alpes
- 00:15:44 le point de départ des NS
Les Nuits Sonores
- 00:18:20 les modèles de festival
- 00:19:20 chargé des projets extérieurs
- 00:20:40 les métiers de la musique
- 00:21:55 les principaux pôles, l’organisation du travail
- 00:25:55 le rapports avec la municipalité
- 00:27:10 le financement, la communication
- 00:30:17 la programmation, le off, les installations culturelles, l’European Lab
- 00:37:45 les salles lyonnaises, le montage
- 00:40:30 les transports, la santé/sécurité, le public
- 00:47:00 directeur de production, évolution de l’organisation du travail
Conclusion
- 00:49:45 son bilan du métier, ses conseils
- 00:52:45 son set de closing des NS 2017
- 00:55:30 la suite pour Patrice Mourre
Références de l’épisode
- Les Nuits Sonores
- Patrice Mourre aka DJ P.Moore : son Facebook et son Soundcloud
- Jockey Disque
- Fatboy Slim
- Laurent Garnier
- Hypnotik, Polaris (soirées)
- Technopol, Techno Parade
- Circulaire anti-techno (Préfets Blanc, Mariani, Premier Ministre Charles Pasqua)
- Agoria, Flore, Le peuple de l’herbe
- Vincent Carry, Gérard Collomb
- Astropolis, Nordik Impakt, Sonar (festivals)
- Fête des Lumières, la Biennale de danse/d’art contemporain de Lyon
- Todd Terry, Monika Kruse
- European Lab, Les Nuits Sonores Bruxelles, Bogotá, Tanger
- La piscine du Rhône, la Halle Tony Garnier, Le Transbordeur, la Sucrière (salles)
- Weather Festival
- Arty Farty
- The Chemical Brothers, Black Madonna
- Impact (festival)
Sources et documents notables
- On peut replonger dans l’époque du triangle d’or avec l’émission “Ca se discute” datant de 1995, délicieusement datée, qui porte sur la scène techno et sa répression en France et en Rhône Alpes. On y aperçoit notamment Patrice Moore à la toute fin de la première partie.
- Une conférence donnée au Sucre en 2015 en présence notamment de Patrice Mourre, The Hacker et Laurent Garnier, revient également sur cette époque.
- Je recommande deux interviews de Patrice Moore, une pour Cooa.fr et une pour Paperboys.
- La programmation de la première édition des Nuits Sonores, de 2003
- Le closing de DJ P.Moore de 2017, un boiler room qu’il a fait à Lyon en 2015.