Les jardins d’Aubervilliers, un droit à la ville
Les jardins d’Aubervilliers, un droit à la ville

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Entretien
Sciences
Société
Autour du globe
jeudi 19 novembre 2020
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Les mouvements d’occupation et / ou de contestation s’organisent face à de grands projets d’aménagement : on connaît les exemples de Notre Dame des Landes, de Sivens, du Triangle de Gonesse, mais aussi des serres des jardins d’Auteuil, malheureusement remplacées par l'agrandissement du stade de Roland Garros, ou d'Unistot’en, au Canada, où des peuples autochtones s’opposent à la construction de pipelines sur leurs terres ancestrales…

 Ces projets d'aménagement sont de plus en plus nombreux à l’heure actuelle. Souvent, il est question de projets colossaux (installations sportives, centres commerciaux, aéroports), qui peuvent avoir pour conséquence d’expulser des personnes ou des collectifs, se trouvant sur les terres en question. Cela nous montre toute la brutalité de ces projets, qu’a bien étudiée la sociologue Saskia Sassen, avec la notion d’expulsion, qu'elle analyse de façon globale : expulsions de terres, mais aussi expulsion d'un système (d'aide, de sécurité sociale...).

Cela fait aussi écho au « droit à la ville » élaboré par le philosophe Henri Lefebvre et repris notamment par le géographe David Harvey : selon ce concept, la ville est le résultat de l’interaction des dynamiques qui la traversent. Ainsi, tout habitant dispose d’un droit à habiter la ville, mais aussi à se l’approprier librement. C’est le droit à tenir un rôle dans la cité, avec la dimension politique que cela suppose. Et justement, ces grands projets semblent nier ce droit à la ville.

Ces mobilisations montrent aussi une valorisation des « communs » au sens de la politologue et économiste Elinor Ostrom. Il y a mobilisation car ces lieux ont été appropriés par une communauté, qui peut avoir mis en place un système de gouvernance partagée.

A Aubervilliers, la construction de la piscine d’entraînement pour les Jeux Olympiques de 2024 pose question. Au niveau de l’impact environnemental, dans une zone où les habitants ont en moyenne 1,15 mètres carrés de verdure par habitant, alors que la région Île-de-France annonce un objectif de 10 mètres carrés par habitant à l’horizon 2030, et dans une zone où vivent des espèces endémiques. C'est de la mobilisation autour des jardins dont nous vous parlons au cours de cette émission.

Avec :

Stéphanie Dechézelles, maîtresse de conférence en science politique à Science po Aix, auteure de "Une ZAD peut en cacher d’autres, de la fragilité du mode d’action occupationnel" et qui a co-dirigé l'ouvrage Politisation du proche. Les lieux familiers comme espaces de mobilisation, aux Presses Universitaires de Rennes.

Viviane Griveau-Genest et Ivan Fouquet, membres du collectif Sauvons les Jardins Ouvriers d’Aubervilliers.

L’équipe :

Pascal, Aymeric, Imane, Eléonore

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