felicita • Spalarkling
« On veut juste respirer », pouvait-on lire, ce lundi 11 novembre, sur des pancartes brandies à New Delhi, en Inde. Les habitants, excédés par la qualité dégradée de l’air, ont manifesté pour réclamer des mesures concrètes. Ils ont montré un des innombrables visages de la pollution contemporaine : un visage dissimulé par un masque, dans un brouillard gris-âcre, menaçant la vie elle-même. Selon une étude publiée dans « The Lancet Planetary Health » en 2022, les polluants de l’air, de l’eau et des sols causeraient 9 millions de morts par an, trois fois plus que le sida, la tuberculose et le paludisme réunis. Comment en sommes-nous arrivés là ? Profondément contemporaine, enracinée dans notre économie et dans nos habitudes, on en viendrait presque à oublier que la pollution a une histoire, qu’elle n’a rien d’inéluctable, qu’elle est le résultat de choix, d'inerties et de rapports de force.
C’est une histoire qu’a exploré notre invité, Thomas Le Roux, historien de l’environnement. Dans un ouvrage intitulé « La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l'âge industriel » (Seuil, 2017), co-écrit avec François Jarrige, il se prête à un difficile exercice de synthèse : dresser le panorama historique des pollutions depuis le 18ème siècle. Comment les pollutions ont-elles changé de nature et d’échelle avec l’industrialisation ? Par quels moyens ont-elles été justifiées et rendues acceptables ? Vous verrez, ces questions trouvent réponses dans ce premier épisode.
La pollution, c'est un sujet que connaît bien Lucile Truffy, notre deuxième invitée. Jeune doctorante, historienne en herbe, elle a consacré ses premiers travaux au formica, le plastique de ces tables aux couleurs acidulées qui ont conquis les cuisines françaises dans les années 1960. Dans son ouvrage « C'est formica, c'est formidable ! Une histoire d'entreprise (1951-1983) » (Ithaka, 2024), elle enquête sur les conséquences sanitaires et environnementales de l'usine Formica, contribuant ainsi à nuancer la success story du matériau et à déconstruire le mythe des « Trente Glorieuses ». Aujourd'hui, Lucile Truffy poursuit son odyssée du plastique en thèse, où elle s'intéresse au polyéthylène et à son illustre alter ego : le sac plastique.
Avant de se quitter, je vous parle de prédation environnementale dans le cinéma, à travers une analyse toute personnelle du film Bacurau, sorti en 2019 et réalisé par Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles.
Bonne écoute !
Tristes tropiques
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