L'écrit, les langues et le pouvoir en Afrique
L'écrit, les langues et le pouvoir en Afrique

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Entretien
Sciences
Société
Autour du globe
jeudi 14 février 2013
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“On se doute que les Nambikwara ne savent pas écrire ; mais ils ne dessinent pas davantage, à l’exception de quelques pointillés  ou zigzags sur leurs calebasses. Comme chez les Caduveo, je distribuai pourtant des feuilles de papier et des crayons dont ils ne firent rien au début. ; puis un jour, je les vis occupés à tracer sur le papier des lignes horizontales ondulées. Que voulaient-ils donc faire ? Je dus me rendre à l’évidence : ils écrivaient ou, plus exactement, cherchaient à faire de leur crayon le même usage que moi, le seul qu’ils pussent alors concevoir, car je n’avais pas encore essayé de les distraire par mes dessins. Pour la plupart, l’effort s’arrêtait là ; mais le chef de bande voyait plus loin. Seul, sans doute, il avait compris la fonction de l’écriture. »

Dans cet extrait de Tristes Tropiques, Levi-Strauss montre comment l’écriture est avant tout un enjeu de pouvoir. Pour lui, ce n’est pas un hasard, si c’est le chef Nambikwara et pas un autre membre de la tribu qui s’est saisi de cette technique, c’est parce qu’en qualité d’homme de pouvoir, celle-ci constituait pour lui à la fois une confirmation et une extension de son pouvoir. L’écrit, avant d’être une technologie de savoir, est pour Levi-Strauss, une technologie de pouvoir. C’est cette dimension de l’écrit que Les Voix du Crepuscule exploreront ce soir, dans le cas de l’Afrique, continent dont on croit trop souvent qu’il n’a été écrit que par des mains étrangères, les mains de ses conquérants et de ses spoliateurs, qui non contentes d’avoir tracé de leur baillonnettes des frontières arbitraires et absurdes, prétendent écrire seules l’histoire et la vie de ce continent. Nous accueillons ce soir:

Les Voix du Crépuscule
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