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Le Lobby fait sa Pride ! — « Bébé queer deviendra grand ! » : la chronique de Margot

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Société
dimanche 4 juillet 2021
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Pour la marche des fiertés radiophonique du Lobby, Margot est revenue sur son propre et tout récent coming-out.

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Photo : Aurore Thibault[/caption]

Bonsoir, à toutes et à tous. Je suis vraiment ravie d’être là ce soir avec vous parce qu’on a 3h pour parler de nos fiertés, les communiquer, les revendiquer.

Et je trouve ça génial parce que c’est très nouveau pour moi. C’est la première année que je suis out et ça fait même pas deux ans que je suis out à moi-même. Out à moi même ça veut dire que j’accepte de m’accepter. Et en gros, je sors a peine de la phase bébé queer qui en apprend tous les jours sur soi. Et cette phase d’apprentissage, je ne peux pas m’empêcher de la comparer à une deuxième adolescence.

C’est donc de mon expérience personnelle dont je vais vous parler ce soir. En même temps, je suis lion, en signe Astro, je pouvais pas parler d’autre chose que de moi quand même.

« Alors déjà, quand je me suis dit que je vivais comme une deuxieme adolescence, je pensais avoir trouvé la théorie du siècle. Mais… je n’ai rien inventé ! »

Ce thème est abordé dans pas mal de contenus queers et j’ai trouvé un début d’explication à ça dans Le Génie lesbien d’Alice Coffin. Dans son livre, que dis-je, cette Bible, elle parle d’une adolescence volée. Parce qu’elle n’a pas pu la vivre en tant que lesbienne. Et quand j’ai lu ces mots, adolescence volée, j’ai évidemment fait un tour dans mes souvenirs des années lycées.

Pour faire simple, il existe un gouffre entre la moi de 2015 et la moi d’aujourd’hui. A l’époque, j’étais entourée d’hétéros. Je ne savais pas ce que c’était être LGBT. Je connaissais même pas l’acronyme complet je pense... Mon éducation m’a pas permis de connaître le monde merveilleux de la queerness assez tôt.

Pour vous donner une petite idée, au lycée j’étais dans un établissement jésuite. Pour celleux qui ne connaissent pas, c’est une congrégation catholique exclusivement masculine, donc y’a rien qui va. Et pour ajouter un peu de piment, mes parents étaient ambiance drapeaux rose et bleu à la manif pour tous. Autant vous dire que si on m’avait dit « Dans 10 ans t’auras une meuf et tu verras, ça va être super », j’aurais fait une syncope ! Alors que, parallèlement, je me suis bien rendu compte qu’il y avait certains indices quand même…

Je n’étais pas tellement attirée par les garçons autour de moi. Je ne comprenais pas trop les jeux de séduction dans la cour et quand je regardais un film en famille je m’autorisais JAMAIS à donner mon avis sur les actrices… je peux vous dire que la moi de maintenant comprend TRÈS bien pourquoi j’étais pas dans le délire team Edward team Jacob quand Twilight est sorti… Excusez-moi mais y’avait Ashley Greene et Kristen Stewart dans ce film tout de même ??! Où était la team Bella et la team Alice ?

« Mais bref, ce retour dans mes souvenirs me fait dire que moi non plus j’ai pas vécu mon adolescence à 15 ans. La bonne nouvelle c’est que je la vis maintenant. »

Vous allez me dire « t’as plus 15 ans, t’es plus au lycée, c’est pas pareil » C’est un bon point. Mais y’a plein de changements conscients ou inconscients qui se sont opérés, comme une mue. Petit exemple, j’ai les cheveux blond platine depuis deux mois – oui j’ai dit petit exemple, c’est vraiment rien d’incroyable – mais pour moi ça a un peu été un big deal. Tenez-vous bien, j’y réfléchis depuis 2013. Ça fait 8 ans. Depuis que j’ai vu Miley Cyrus péter des murs avec sa wrecking ball. Pareil pour les piercings aux oreilles et les tatouages. Avant je me contentais de me trouver des partenaires percés et tatoués. Et maintenant, pour la première fois, je sens que mon apparence physique est en accord avec ce que je suis à l’intérieur.

Mais c’est allé plus loin que ca. Y’a eu du changement dans mes relations intimes. En ce moment je suis avec une fille depuis plusieurs mois, ça se passe super bien. et vraiment, notre histoire a commencé comme si on avait 14 ans, en plein voyage scolaire. Je vous pose le décor, on s’est confinées dans une coloc à 4, et on voulait garder ce qui se passait entre nous, pour nous.

Résultat, on s’envoyait des textos dans la nuit pour savoir si on se rejoignait, avec le stress que quelqu'un se réveille à cause des portes qui grincent et les bruits de pas sur le parquet. On se cachait pour se faire des potibisous dans la cuisine ou dans le couloir. Il y avait vraiment ce frisson de l’interdît et c’était génial. Et je pourrais vous donner des exemples comme ceux-ci pour chaque dimension de ma vie.

Et c’est aussi pour ça que c’est si important pour moi cette Pride à la radio. Avec ce genre d’émissions, on peut prendre de l’espace et montrer toute la beauté et la diversité de notre communauté. Et c’est l’occasion de dire à toustes nos adelphes que out ou pas, avec une éducation à mille lieux de ce qui les fait kiffer ou pas, iels sont les bienvenues et iels sont valides. Alors pas de souci les bébés queers, mes petits coquelicots, on est dans le même bateau. Continuez votre chemin, tranquillement mais sûrement, parce qu’un jour, bébé queer deviendra grand.

Retrouvez notre pride radiophonique en intégralité sur vos applis de podcasts ou sur le site de Radio Campus Paris !