La Nouvelle Bouquinerie : Avec les moyens du bord
La Nouvelle Bouquinerie : Avec les moyens du bord

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dimanche 12 avril 2020
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Émission collaborative d’avril

Cette émission est un recueil, monté avec soin, des sons qui ont été retenus suite à l’appel lancé sur la page de l’émission. Elle est le reflet d’un arrêt temporaire, d’un retrait, mais aussi d’une ouverture et d’un accueil faits aux différentes voix qu’on peut y entendre, des voix qui ont cherché à donner une forme à ce qui les débordait, avec les moyens du bord.

Ce ne sont pas des réactions à vif et elles n’ont pas forcément été réalisées pour l’émission : certain-e-s sont même allé-e-s fouiller dans leurs archives sonores, ont repris un projet, quelque chose qui était en suspens. Il se dégage de l’ensemble une diversité des tons, des registres et des formats : lectures de poèmes et de témoignages, comptes-rendus de lecture, créations sonores avec ou sans paroles, comptines, musique au montage,…

… pas la musique de chambre des journaux de confinement ! ce nouveau genre littéraire qui s’est immédiatement figé à la verticale dans les colonnes du Monde et du Point, non : c’est une autre musique que l’on entend dans les mots de Galaad qui nous invite à aimer les anciens comme Harold aime Maud, ou dans ceux de Pauline qui fait le choix du gouffre baudelairien face au vide intérieur ; il y a aussi le bestiaire de la poète Katia Bouchoueva que la Nouvelle Bouquinerie recevait en septembre 2019 : l’écureuil et le hérisson contre l’homme de gauche (ce genre de réorganisation du vivant). Les repères sont bouleversés, et plutôt que d’écouter la raison qui parfois est ennuyeuse comme la mort, un espace et un temps sont dédiés voix qui appellent, alarment et vrillent, par exemple les sirènes de Pin-Pon l’ambulance. L’émission s’ouvre ainsi sur le registre du délire avec une création de Thomas Sila.

Les témoignages de Najate et de Hanane (Lady Gaza) du collectif tRace ta voix nous rappellent que pour certain-e-s, la réalité vécue est celle d’un enfermement qui peut en prolonger et en consolider d’autres. Ailleurs, c’est le rejet scellé dans l’espace physique d’une chambre qu’évoque Katie Travers face à son impressionnante collection de lettres de refus, qu’elle ne peut dès lors que détourner par le cut-up. Annie Ferret parle aussi de « prison », « prison inversée » de sa fenêtre qui limite et cadre la perspective en même temps qu’elle l’ouvre. Si toutes ces voix tracent aussi des échappées possibles, elles le font en tenant compte du nouveau cadre imposé.

(On peut renvoyer ici au Film des instants de Frank Smith, une œuvre collaborative pour laquelle 52 personnes filment pendant une minute depuis leur fenêtre : https://vimeo.com/404007303.)

On entend enfin des rengaines enfantines, les poèmes-comptines cruels de Marianne en guise de virgules ou de piques ; on cherche dans l’enfance de quoi trouver un appui, mais le « mercredi de printemps » est celui des toboggans vides (Marie Ginet). Et les oiseaux chantent quand même. On les soupçonne de tromper la mort qui nous est si proche : à mesure que le chant de Pin Pon l’ambulance de Jean-Christophe Cros devient étrangement familier, les cris d’oiseaux se font inquiétants et métalliques dans la création sonore de Paul Voigt, qui clôt cette émission.

Les contributions, dans l’ordre :

Musique :

Montage : Léa Cassagnau

Merci à celles et ceux qui ont participé, soutien et bonnes ondes à tous-t-e-s !

Prochaine édition le 10 mai.

Pour nous écrire ou alimenter la marmite sonore : labouquinerie@radiocampusparis.org

Image mise en avant :

René Magritte, « Le banquet » (1957)

La Nouvelle Bouquinerie
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