La diaspora chinoise à Paris
La diaspora chinoise à Paris

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Entretien
Sciences
Société
Autour du globe
vendredi 24 juin 2016
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Du péril jaune au XIXème siècle, à l’ouvrage «  la Chine m’inquiète » du sinologue Jean-Luc Domenach, et face à la multiplication des patrons de PMU, de boutiques de textile ou de restaurants chinois, les parisiens s’inquiètent souvent, avec un humour un peu trop assumé -voire raciste-, « que les chinois vont finir par tous nous envahir ». Mais connaissons nous vraiment les membres de la diaspora chinoise, dont l’immigration ne date pourtant pas d’hier? Des coolies chinois de la première guerre mondiale réfugiés autour de la gare de Lyon puis dans le IIIème arrondissement, où ils ont repris les commerces des juifs victimes de déportation. L’avancée des maoïstes stoppent les migrations, qui reprennent de plus belle en 1975 avec l’immigration des réfugiés des régimes communistes du Vietnam, du Laos et du Cambodge, qui forment aujourd’hui le « Chinatown » du triangle de Choisy. 

A l’heure de la globalisation, la Chine est devenu un pays incontournable, et ce jusqu’à la capitale française. A ce jour, on compte en effet près de 450.000 ressortissants d’origine chinoise en France et pourtant, que ce soit en politique ou dans les grandes entreprises, aucun n’a de poste important dans le paysage français. La diaspora chinoise est pourtant bien présente, et de plus en plus visible. A Paris notamment, on voit se dessiner des quartiers comme Belleville ou le treizième arrondissement, véritables carrefours d’ethnicités croisées qui ont fini par définir une nouvelle identité chinoise, résultat de l’influence française et du métissage avec l'Asie. 

La France constitue depuis une trentaine d’années une destination privilégiée pour ces réseaux migratoires et commerciaux qui prennent majoritairement leur source dans la vitalité industrielle du sud-est de la Chine. Entre Paris et la ville district de Wenzhou, au sud de Shanghai, des « paysans prolétaires commerçants » vont multiplier les voyages clandestins pour devenir les membres les plus visibles de cette communauté. Ces chinois sont injustement surnommés « Wenzhou » ou « Wen » par leurs détracteurs, comme si nous surnommions des marseillais « Marseille » ou des lillois « Lille ». Relativement communautaires, ils ont souvent su tirer leur épingle du jeu et développer une véritable ascension sociale dans leur pays d’origine, malgré des relations tendues avec les autres chinois du continent, auxquels ils se mélangent peu. 

Qui sont les membres de cette diaspora chinoise qui attise tous les fantasmes? Est ce une communauté homogène? Quels sont les rapports entre les Wenzhou et les chinois migrants en provenance d’autres régions de la Chine? Quelle est l’histoire singulière de l’intégration des chinois en provenance de Wenzhou dans la société française? Comment expliquer leur économie transnationale et quelles sont les perspectives pour ces migrants et leurs enfants entre une Chine de plus en plus attrayante et une République Francaise de plus en plus craintive vis a vis de ses émigrés? 

Telles sont les questions auxquelles nous allons modestement essayer de répondre, afin de rendre compte d’un mouvement migratoire et social complexe, tout en essayant de dissiper les clichés et les malentendus qui entourent souvent cette diaspora. En essayant de lever le voile sur une communauté aux identités hétéroclites, nous allons voyager au gré d’un carnet sonore à la visite de Belleville la chinoise, en nous arrêtant dans les petits commerces qui font l’identité de ce quartier. Puis nous irons chercher Etien à Arts et Métiers, autre lieu historique de l’émigration chinoise. Ancien chanteur chinois reconverti en restaurateur, son histoire peu commune nous permettra de saisir la diversité des profils d’émigrés chinois, ainsi que de mieux comprendre les trajectoires individuelles de chacun. 

Notre invité pour le débat sera M. Richard Beraha, créateur et développeur d’entreprise, auteur de recherches en sciences sociales et sciences cognitives, et enseignant à Sciences Po Paris. Il a aussi été Président de l’Organisation Non Gouvernementale Hui Ji créé par un collectif de Chinois en France et qui a permis à bon nombre de migrants chinois d’obtenir leur régularisation. C’est enfin l'auteur d’un livre  « La Chine à Paris, enquête au cœur d’un monde méconnu », aux éditions Robert Laffont, dans la collection de Michel Wieviorka (Président Maison des Sciences de l’Homme). Nous aurons aussi le plaisir de recevoir Ma Bin, étudiante en master à l’EHESS, qui travaille depuis deux ans sur la communauté Wenzhou à Paris. 

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