Derrière les fagots : Le repas de Noël (Ep.2)
Derrière les fagots : Le repas de Noël (Ep.2)

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lundi 16 janvier 2017
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Derrière les fagots : une émission de documentaire radiophonique qui déplace le regard

réalisée par Esther Valencic et Cléo Cohen

Le repas de Noël, épisode 2 : les cousins soudanais

Au mois de décembre, Derrière les fagots a rencontré Gasim et Gasim, deux cousins soudanais arrivés en France il y a un an et demi et étudiants à Paris 8. Réfugiés soudanais à Paris, les deux cousins nous ont raconté leur histoire et nous ont confronté à notre ignorance concernant la situation historique, politique et économiques de leur pays. S'ils se sont emparés du micro, c'est aussi que Gasim et Gasim sont affligés de la couverture médiatique très légère sur le sujet. Car pour eux, comme pour nous, ignorer leur histoire c'est se condamner à ne jamais les comprendre.

Petite chronologie des conflits au Soudan, depuis son indépendance : 

1946 : le Sud-Soudan est rattaché au nord pour former une seule région administrative sous la colonisation britannique.

1956 : le Soudan accède à l'indépendance. Le gouvernement de Khartoum tente d'arabiser le sud, constitué lui majoritairement de populations noires, animistes et chrétiennes : c’est le début d’une guerre civile de 17 ans (1955-1972) qui se termine avec la signature d'un cessez-le-feu à Addis Abeba en 1972. Mais la paix ne dure pas, d'autres facteurs viennent creuser le fossé entre les autorités centrales et les populations du sud : en 1983, tentative de Kharthoum d'imposer la charia sur tout le territoire pour réaffermir son pouvoir. La rébellion du sud s'organise autour de la SPLA, armée de libération du peuple du Soudan fondée par John Garang.

D'autre part, c'est dans les années 1980 que l'on découvre du pétrole dans la région : 80% de ces ressources pétrolières sont au sud, mais c'est le nord qui capte les bénéfices de l'extraction de pétrole sans redistribution. 

Les réserves estimées des deux Soudan s’élèveraient aujourd'hui à 6,7 milliards de barils au total, soit environ 0,5 % des réserves mondiales  (Carole Stora-Calté, 2013) Les entreprises asiatiques chinoise avec la Chinese National Petroleum Corporation (CNPC), malaisienne avec Petronas et indienne avec Oil and Natural Gas Corporation Limited (ONGC) constituent les plus gros investisseurs au sein des deux pays, en partageant plus de 90 % de la production. La plupart des gisement de pétrole découverts dans les années 1980s se trouvent sur le territoire du Soudan du Sud. La production est d’environ 350.000 barils par jour, soit un quart de la production du Qatar et cela constitue 90% du PIB du Sud Soudan.

Les affrontements nord-sud reprennent et vont durer 20 ans. Cette guerre entraine le déplacement de 4m° de personnes et provoque la mort d'au moins 2M° de personnes. 

2005, le sud Soudan obtient un régime d'autonomie de 6 ans. 

Juillet 2011, l'indépendance du sud-Soudan est proclamée avec à sa tête Salva Kiir.

2010 : la Cour pénale internationale (CPI) lance un mandat d'arrêt international contre Omar el-Béchir, autoproclamé président du Soudan du Nord en 1993 et au pouvoir depuis. C'est le premier mandat d'arrêt international contre un président en exercice.

Juillet 2013 : Salva Kiir, le président du Soudan du Sud, limoge l'ensemble de son gouvernement. Quelques mois plus tard débute le conflit au sein de l'armée, minée par des antagonismes politico-ethniques exacerbés par la rivalité à la tête du régime entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Ce n’est que 6 mois plus tard que le gouvernement du Soudan du Sud et les rebelles signent un accord de cessez-le-feu. En mars, l'Union africaine crée une commission d'enquête chargée de déterminer les responsables des atrocités commises depuis qu'a éclaté mi-décembre le conflit entre forces gouvernementales et troupes loyales à l'ancien vice-président Riek Machar. 

Avril 2014 l'ONU accuse les troupes de Riek Machar d'avoir massacré des centaines de civils sur des bases ethniques lorsqu'elles ont repris la ville de Bentiu. Le 25 juillet : dans une déclaration unanime, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU « se déclarent très inquiets de la situation d'insécurité alimentaire catastrophique au Soudan du Sud, qui est désormais la pire au monde ».

Début 2015, le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, à l'origine d'un soulèvement armé, s'accordent sur un cessez-le-feu, le 7ème en un an.

20 mars : un rapport de l'Unicef estime qu'environ 12 000 enfants, essentiellement des garçons, ont été enrôlés comme soldats aussi bien par le gouvernement que par les groupes rebelles.

8 mai : les combats qui font rage dans le nord provoquent un exode massif de la population. Selon l'ONU, près de cent mille déplacés en une semaine. Ces affrontements figurent parmi les plus violents enregistrés depuis le début du conflit, en décembre 2013, avec plusieurs dizaines de milliers de morts recensés.

26 août : le président Salva Kiir signe enfin un accord de paix visant à mettre fin à 20 mois d'une terrible guerre civile au Soudan du Sud, un document déjà ratifié le 17 par les rebelles.

Au printemps 2016, malgré l’accord signé par les deux leaders, les combats se poursuivent sur le terrain. A son retour à Juba, Riek Machar est intégré dans un gouvernement d’union nationale en tant que vice-président, un poste qu’il avait occupé entre juillet 2011 et juillet 2013. Selon les dispositions de l’accord, ce gouvernement de transition prend ses fonctions le 7 janvier 2016, et restera en place pendant trente mois, avec Salva Kiir comme président.

Juillet-août 2016 : les violences continuent au sud-Soudan. La crise sud-soudanaise est au coeur des discussions du 27e sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine, qui se tient du 17 au 18 juillet à Kigali (Rwanda). La présidente sortante de la Commission de l’UA, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, déclare que « le continent ne peut pas rester les bras croisés face aux souffrances infligées aux enfants, femmes, hommes et jeunes gens du Soudan du Sud ».

sources : RFI, Les dessous des cartes, Jeune Afrique, ONU.

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